16 février 2012

A Taiwan divorcer plus vite que son ombre !!

Les Taïwanais ont le divorce facile. Il faut que ça aille vite et que ça se fasse dans la plus grande discrétion. Les services pour divorcer rapidement ont pignon sur rue, raconte The Straits Times.

Un divorce toutes les dix minutes : l’année dernière, à Taïwan, 57 223 couples ont mis un terme à leur union. Une tendance faisant les beaux jours d’une industrie un peu particulière, qui propose des services pour faciliter et accélérer les procédures de séparation. A Taïwan, les couples qui souhaitent divorcer ont besoin de deux témoins pour certifier leur signature. Un nombre croissant d’entre eux préfèrent payer ce service à un inconnu, parce qu’ils ne tiennent pas à ce que leur famille ou leurs amis soient au courant de leur divorce et qu’ils souhaitent que la procédure soit le plus rapide possible. Certains ne veulent pas non plus y mêler leurs parents ou leurs amis, car, selon une vieille croyance, le fait d’aider des couples à se séparer porte malheur.

Sur Internet, des “témoins professionnels de divorce” proposent leurs services vingt-quatre heures sur vingt-quatre, y compris les week-ends et les jours fériés. Selon Yu Hui-hsiun, patron d’une agence de détectives, Taïwan compte au moins 2 000 témoins de divorce. Leurs tarifs vont de 23 à 46 euros pour les indépendants et de 137 à 183 euros pour les témoins fournis par des cabinets juridiques ou des agences de détectives. D’après le quotidien Apple Daily, certains témoins reçoivent jusqu’à 687 euros de pourboire. Un indépendant interviewé par le journal aurait même entendu parler d’un témoin gagnant près de 2 284 euros par mois.

Ces témoins professionnels sont généralement disponibles vingt-quatre heures sur vingt-quatre, car ils travaillent le plus souvent la nuit, explique Shierly Lin, la directrice de Warm Life, une association qui vient en aide aux couples en crise. “Pourquoi vingt-quatre heures sur vingt-quatre ? Parce que les couples se disputent généralement la nuit. Le lendemain matin, leur colère peut s’être calmée et l’affaire vous passe alors sous le nez”, dit-elle. Les divorces sont vite conclus : les témoins se présentent avec le certificat de divorce déjà tamponné et signé et ne s’attardent pas de crainte que le couple ne change d’avis. Comme les gens recherchent la facilité et ne se soucient pas des conséquences, ces divorces express deviennent de plus en plus fréquents. Mais certains risquent de s’en mordre les doigts, les témoins pouvant avoir indiqué de fausses coordonnées ou s’avérer injoignables en cas de conflit à propos de la pension alimentaire ou de la garde des enfants alors qu’ils doivent témoigner devant le tribunal. De plus, s’il s’avère qu’une personne a engagé de faux témoins, elle peut être accusée de fraude.


Quand un seul époux veut divorcer, il engage généralement un détective privé pour trouver des torts à son conjoint. Selon Wang Yun-tung, maître de conférences au département du travail social de l’Université nationale de Taïwan, il est difficile de divorcer sans l’accord du conjoint. Le divorce n’est accordé d’office qu’en cas de mauvais traitements ou d’adultère et il est parfois laissé à l’appréciation des juges. Des agences de détectives proposent donc de piéger le conjoint en l’attirant dans une liaison. “Toutes les méthodes sont bonnes pour obtenir le divorce. Et la plus rapide est de prouver que le conjoint a commis l’adultère”, affirme M. Yu. Cette tactique est particulièrement sévère, car l’adultère est considéré comme un crime passible de un an de prison.

D’une manière générale, le taux élevé de divorces met en évidence une grande permissivité vis-à-vis des relations extraconjugales. Sur 1 076 personnes interrogées lors d’une enquête, près de 10 % reconnaissaient qu’elles-mêmes ou leur conjoint avaient eu une liaison, et un quart souhaitaient changer de conjoint.

Pour M. Wang, le taux élevé de divorces est le signe que les Taïwanais sont de plus en plus individualistes et de moins en moins attachés à des valeurs comme “un mariage pour la vie”. Il ajoute que, même si le taux de divorces reste élevé, il plafonne : en 2003, le chiffre était de 287 divorces pour 1 000, alors qu’en 2009 il était tombé à 248. Pour lui, le taux de divorces n’est pas forcément un mauvais signe, parce qu’il indique aussi que les femmes sont plus autonomes. Ce qui le préoccupe davantage, c’est l’attitude réprobatrice de la société à l’égard des divorcées.

Par rapport aux hommes, peu de femmes se remarient. Le préjudice reste plus grand pour elles.”


Repères
Les “épouses étrangères” sont une composante de la population taïwanaise apparue récemment. Au cours des années 1980, les hommes des couches défavorisées et les ruraux ont éprouvé de plus en plus de difficultés à se marier, un nombre accru de femmes préférant vivre en salariées célibataires plutôt que d’assumer la tâche lourde et peu valorisée d’épouse, mère et belle-fille. Des réseaux se sont créés, mettant en contact des célibataires avec des femmes de milieu
modeste, en provenance tout d’abord d’Asie du Sud-Est, puis de Chine populaire. L’immense majorité des épouses étrangères viennent en grande partie de Chine populaire (près de 65 %). En 2006, 10 % des mariages célébrés impliquaient un conjoint issu de Chine populaire et 7 % un conjoint issu d’un autre pays asiatique. En 2007, le taux de fécondité des épouses étrangères est de 1,5 environ, un peu plus que le taux moyen, de 1,21.

Extrait d'un article du Courrier International.


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