La rue Hengyang dans les années 60, bordée de maisons typiques de la dynastie Qing, était celle des librairies, où les élèves des lycées et écoles proches venaient s’approvisionner. La célèbre librairie Zhengzhong (au carrefour à droite), fondée à Nankin en 1931, s’y installa en 1949, avec d’autres aussi célèbres et toujours existantes. La rue, située près de la gare, fut l’un des centres les plus animés de la ville jusque dans les années 80. Aujourd’hui, la librairie Zhengzhong accueille toujours les clients rue Hengyang mais elle est dominée par des immeubles de 20 étages.
Un des rares vestiges de l’époque, le petit immeuble où s’est installé un café appartenant à une chaîne américaine.
Un des rares vestiges de l’époque, le petit immeuble où s’est installé un café appartenant à une chaîne américaine.
La ville de Taipei a-t-elle une histoire ? Le promeneur peu avisé pourrait en douter lorsqu’il déambule le long de ces avenues hérissées d’immeubles au modernisme sans âge, surchargées de panneaux publicitaires clignotants, perdu dans ce qui apparaît comme une mer urbaine sans logique, si ce n’est celle de l’impératif commercial. Dans une cité extrêmement dense, où on ne s’embarrasse pas particulièrement des vieilles pierres, il peut en effet sembler difficile de retrouver les traces d’un passé qui reste pourtant encore vivace dans la mémoire de toute une génération.
Depuis les premiers villages des commerçants chinois du début du XIXe s., le long de la Danshui, où les navires marchands accostaient, la ville n’a cessé de progresser vers l’est, au rythme de l’arrivée des migrants et de l’expansion des activités économiques. Les grandes lignes en ont été dessinées par le colonisateur japonais. En 1945, l’archipel vaincu lègue à la Chine du Kuomintang une cité où les maisons en bois de style nippon dominent le paysage. De longues avenues parsemées de ronds-points repris de la tradition urbaine anglaise sont rythmées par les bâtiments néobaroques d’inspiration occidentale qui abritent les administrations coloniales. A cette époque, Taipei ressemble à un gros bourg de province aux allures champêtres. En 1949, l’arrivée soudaine du continent chinois de deux millions de soldats et de civils, avec le Kuomintang, provoque une première excroissance urbaine, désordonnée parce que censée être provisoire, la reconquête du continent étant jugée proche. L’exode rural qui débute dans les années 60 achève de déstructurer la ville dont la densité croît. La municipalité décide alors, en 1969, du premier plan de développement urbain. Les champs de rizières voisinent avec des immeubles neufs, le long des avenues qui portent désormais des noms issus de l’idéologie confucéenne ou faisant référence à Tchang Kaï-chek. Dans les années 70, le miracle économique aidant, la demande en logements devient exigeante. La ville prend progressivement de la hauteur, change d’échelle, et se développe vers l’est. Les années 80 sont celles de la modernité triomphante et des grands travaux, à l’image des succès économiques que Taiwan engrange. On rase pour construire et le visage de Taipei change. Le centre de gravité de la capitale continue de se déplacer vers l’est. Les années 90 sont témoins de transformations majeures avec la construction du réseau métropolitain. Aujourd’hui, au pied de la Tour 101, point d’orgue de la croissance vers l’est, la distance avec ces cinq dernières décennies paraît plus d’un siècle.
Depuis les premiers villages des commerçants chinois du début du XIXe s., le long de la Danshui, où les navires marchands accostaient, la ville n’a cessé de progresser vers l’est, au rythme de l’arrivée des migrants et de l’expansion des activités économiques. Les grandes lignes en ont été dessinées par le colonisateur japonais. En 1945, l’archipel vaincu lègue à la Chine du Kuomintang une cité où les maisons en bois de style nippon dominent le paysage. De longues avenues parsemées de ronds-points repris de la tradition urbaine anglaise sont rythmées par les bâtiments néobaroques d’inspiration occidentale qui abritent les administrations coloniales. A cette époque, Taipei ressemble à un gros bourg de province aux allures champêtres. En 1949, l’arrivée soudaine du continent chinois de deux millions de soldats et de civils, avec le Kuomintang, provoque une première excroissance urbaine, désordonnée parce que censée être provisoire, la reconquête du continent étant jugée proche. L’exode rural qui débute dans les années 60 achève de déstructurer la ville dont la densité croît. La municipalité décide alors, en 1969, du premier plan de développement urbain. Les champs de rizières voisinent avec des immeubles neufs, le long des avenues qui portent désormais des noms issus de l’idéologie confucéenne ou faisant référence à Tchang Kaï-chek. Dans les années 70, le miracle économique aidant, la demande en logements devient exigeante. La ville prend progressivement de la hauteur, change d’échelle, et se développe vers l’est. Les années 80 sont celles de la modernité triomphante et des grands travaux, à l’image des succès économiques que Taiwan engrange. On rase pour construire et le visage de Taipei change. Le centre de gravité de la capitale continue de se déplacer vers l’est. Les années 90 sont témoins de transformations majeures avec la construction du réseau métropolitain. Aujourd’hui, au pied de la Tour 101, point d’orgue de la croissance vers l’est, la distance avec ces cinq dernières décennies paraît plus d’un siècle.
La gare de Taipei en 1972. Construite en 1940 et détruite en 1988 pour faire place à une imposante structure et à son réseau souterain, elle fut le témoin, durant les années 50 et 60, de l’arrivée à la capitale de milliers d’habitants du sud de l’île avec leur baluchon venus chercher travail, fortune et avenir. Certains racontent qu’ils sont restés une journée sur l’esplanade de la gare, n’osant traverser la rue Zhongxiao, tant la circulation les impressionait.
Désormais, ce sont les couloirs de la station de métro Taipei Main Station qui permettent de la traverser.
Désormais, ce sont les couloirs de la station de métro Taipei Main Station qui permettent de la traverser.
Vue du sud de Taipei, en 1979, avec l’avenue Roosevelt, dont la plupart des arbres ont été abattus lors de la construction de la ligne de métro reliant Xindian à la Gare. A cette époque, les immeubles de grande hauteur n’avaient pas encore envahi le paysage urbain comme aujourd’hui.
L’avenue était bordée de maisons typiquement japonaises, en bois. Rares sont celles qui ont échappées aux bulldozers, comme ci-dessous.
L’avenue était bordée de maisons typiquement japonaises, en bois. Rares sont celles qui ont échappées aux bulldozers, comme ci-dessous.
Le marché Yuanhuan, sur la portion ouest de la rue Nanjing (ici en 1963)
fut le premier marché de nuit de Taipei. Situé dans la partie nord-ouest de la ville, on s’y rendait à pied, depuis la gare, pour se restaurer et assister à toutes sortes de spectacles de rue. Dans les années 90, l’activité du marché de nuit décline avec le déplacement vers l’est des quartiers de loisirs. En 2001, après deux incendies en 1996 et 1999, et pour régler les problèmes de salubrité, la mairie de Taipei décide de reconstruire le bâtiment dans l’espoir de relancer son activité.
C’est un échec commercial et le plus vieux marché de nuit de Taipei est aujourd’hui fermé. L’immeuble, à droite, existe toujours. La jeep militaire que l’on aperçoit à droite rappelle la présence de l’armée américaine.
fut le premier marché de nuit de Taipei. Situé dans la partie nord-ouest de la ville, on s’y rendait à pied, depuis la gare, pour se restaurer et assister à toutes sortes de spectacles de rue. Dans les années 90, l’activité du marché de nuit décline avec le déplacement vers l’est des quartiers de loisirs. En 2001, après deux incendies en 1996 et 1999, et pour régler les problèmes de salubrité, la mairie de Taipei décide de reconstruire le bâtiment dans l’espoir de relancer son activité.
C’est un échec commercial et le plus vieux marché de nuit de Taipei est aujourd’hui fermé. L’immeuble, à droite, existe toujours. La jeep militaire que l’on aperçoit à droite rappelle la présence de l’armée américaine.
La rue Wuchang dans les années 70. Située non loin de la gare, elle fut l’une des rues les plus commerçantes de la capitale. Première destination des gens du sud fraîchement débarqués, c’est là qu’ils commençaient à chercher du travail.
La rue fut l’objet d’un programme de réhabilitation à la fin des années 80 et accueille aujourd’hui des friperies.
La rue fut l’objet d’un programme de réhabilitation à la fin des années 80 et accueille aujourd’hui des friperies.
Sur l’avenue Zhonghua qui traverse le carrefour de Ximenting s’élevait jusqu’en 1992 le fameux marché Zhonghua. Jadis plus grand marché de Taipei, on y trouvait en 1961, date de sa construction, des boutiques de vêtements, de soie, de calligraphies et de jade, des quincailleries et toutes sortes de petits magasins mais aussi de petits restaurants majoritairement tenus par les Chinois arrivés en 1949. Autrefois destination privilégiée des touristes japonais, son activité décline au début des années 80 avec le déplacement du centre de gravité de Taipei vers l’est.. Avec le projet d’enterrer la voie ferrée, et que l’on aperçoit à droite, est prise la décision de détruire le marché.
Aujourd’hui, il ne reste rien de ce quartier bouillonnant tandis que l’habitat a gagné en hauteur.
Aujourd’hui, il ne reste rien de ce quartier bouillonnant tandis que l’habitat a gagné en hauteur.
Le quartier de Ximenting dans les années 60. Comme la rue Wuchang, toute proche, c’est aujourd’hui un des endroits à la mode où converge la jeunesse de Taipei. Il reste ainsi fidèle à sa première vocation. Si le commissariat de police et son immeuble sont toujours là, le rond-point, héritage de l’urbanisme de l’époque coloniale, a disparu dans les années 80. Il s’agissait d’élargir la rue Zhonghua et de donner la priorité à la fluidité de la circulation.
En 1971, au carrefour de l’Avenue Ren-Ai et de l’Avenue Dunhua, au centre de Taipei, rien ne laissait présager de la très forte urbanisation qui allait suivre. On retrouve un des larges ronds-points construits par les Japonais.
Très vite et sous l’influence américaine, on rabote les ronds-points pour laisser place à la circulation.
Très vite et sous l’influence américaine, on rabote les ronds-points pour laisser place à la circulation.
La portion sud de l’avenue Dunhua, où se concentre aujourd’hui un des quartiers d’affaires de Taipei, a été largement construite. Au carrefour avec la portion est de l’avenue Nanjing, désert en 1975, s’élève aujourd’hui le centre commercial Asiaworld. L’International Building existe encore tandis que sur la droite,
le stade qui abritait les championnats de base-ball a laissé la place en 2004au Taipei Arena, un complexe sportif ultramoderne qui accueillera les Jeux olympiques des sourds en septembre prochain. L’école Tonghua, intacte à gauche, continue de voir défiler des générations d’élèves.
le stade qui abritait les championnats de base-ball a laissé la place en 2004au Taipei Arena, un complexe sportif ultramoderne qui accueillera les Jeux olympiques des sourds en septembre prochain. L’école Tonghua, intacte à gauche, continue de voir défiler des générations d’élèves.
Le croisement des avenues Zhongshan et Zhongxiao, où se trouve le siège du gouvernement, a été le témoin d’une évolution accélérée. En 1966 (ci-dessus), l’influence japonaise est évidente tandis que la statue de Tchang Kaï-chek porte son regard vers l’ouest et le continent. Le pont sur la gauche enjambe la ligne de chemin de fer, qui sera par la suite enterrée. Deux années plus tard, en 1968, dans le souci de décongestionner cette partie de la ville et de fluidifier la circulation nord-sud, un nouveau pont (ci-dessous), le pont Fuxing, symbole de la place prise par la voiture, traverse le carrefour tandis qu’une voie souterraine passe sous le rond-point, le long de l’avenue Zhongxiao.
En l’espace de 2 années, les traces de la colonisation japonaise disparaissent et la modernité s’installe. Avec l’enterrement de la voie ferrée et la création d’autres axes de circulation, le pont est détruit en 1995, les immeubles ont poussé tandis que le siège du gouvernement a vu ses annexes s’agrandir et se moderniser.
En l’espace de 2 années, les traces de la colonisation japonaise disparaissent et la modernité s’installe. Avec l’enterrement de la voie ferrée et la création d’autres axes de circulation, le pont est détruit en 1995, les immeubles ont poussé tandis que le siège du gouvernement a vu ses annexes s’agrandir et se moderniser.
PHOTOS D’ARCHIVES DU MINISTÈRE DE L’INFORMATION ET DE HUANG CHUNG-HSIN.
Remerciements : Liu Sy-Rong, chef de division au département du Développement urbain de la Mairie de Taipei
1 commentaire:
C'est passionnant, bravo !
Enregistrer un commentaire