16 mai 2011

Français à Taïwan : les urnes comptent pas pour des prunes !

Les expatriés français de Taïwan espèrent pouvoir peser sur la prochaine présidentielle. Mais Paris n’envoie pas d’urnes. Pourquoi ? Parce que l’Ile n’existe pas, diplomatiquement parlant.

A Taipei la démocrate, une partie de la population réclame toujours le droit de vote : les Français expatriés. Deux associations ont lancé la semaine dernière une pétition pour pouvoir exercer «librement (leur) droit fondamental de citoyen », qui a déjà recueilli plus de 200 signatures Encore aujourd’hui, le vote ressemble à un parcours du combattant pour ces quelque 1 500 Gaulois exilés à Formose. La France ne reconnaissant officiellement que la Chine, elle n’a pas d’ambassade à Taïwan. Seul un Institut français, sans pouvoirs diplomatiques, est installé à Taipei et il n’est pas autorisé à ouvrir un bureau de vote au moment des élections. D’où cette bizarrerie : les relations entre les deux rives du détroit de Taïwan empêchent certains Français de participer à la vie de leur pays.

La première solution qui s’offre aux citoyens est de faire le déplacement jusqu’au bureau de vote le plus proche, à Séoul, en Corée du Sud. Soit 1 500 kilomètres à parcourir pour glisser un bulletin dans l’urne. « Cela constitue clairement une atteinte à notre droit fondamental de citoyen. Se déplacer à Séoul est coûteux et difficilement envisageable », déplore le texte de la pétition.

Deux téméraires ont fait le voyage

Deuxième solution : la procuration à un Français résidant à Séoul pour ceux inscrits sur la liste électorale asiatique, ou à un proche en France pour ceux qui ont choisi de rester inscrit dans l’Hexagone. Mais là-encore, la procédure est longue et difficile : « Il faut se déplacer à l’Institut français, faire signer le secrétaire général, puis cela passe par la gendarmerie avant d’être envoyé en France, raconte François-Xavier, un expatrié. Cela peut prendre deux à trois mois, et la personne à qui on donne la procuration n’a même pas de confirmation. En 2007, mon père a dû attendre 30 minutes au bureau de vote en France pour se voir confirmer qu’il avait bien procuration pour moi…»

Lors de la dernière présidentielle, sur les 1 500 expatriés français à Taïwan, seuls deux électeurs téméraires ont traversé la Mer de Chine. Au total, une moitié de Français, refroidie par le casse-tête administratif de la procuration, s’est abstenue.

Fièvre électorale

Le problème se complique encore pour les législatives. L’élection des députés représentant les Français de l’étranger, qui aura lieu pour la première fois en 2012, ne peut se faire, en toute logique, que depuis… l’étranger. Ce qui signifie que les expatriés ne peuvent pas donner procuration en France.

Dominique Lévy, président de l’association des Français de Taïwan, demande que tous les moyens possibles soient étudiés : « Cela peut être une urne basée à Taipei et renvoyée à Séoul, par voie électronique ou bien par courrier. Je sais que les Sud-africains et les Britanniques votent sans problème à Taïwan, pourquoi cela serait un souci pour nous ? »

« Nous demandons donc que le nécessaire soit fait avant le 31 décembre 2011 », réclame la pétition. Sans quoi les expatriés de Taïwan pourraient être frustrés. D’autant que l’Ile sera également emportée par la fièvre électorale en 2012. A deux mois près, la présidentielle française coïncide avec la présidentielle taïwanaise.

Derrière cette question se profile l’attitude face à la Chine, que la France tient à ne pas froisser. A mots couverts, Jacques Ajouc, secrétaire général de l’Institut français à Taipei, confirme : « Nous sommes face à un cas unique au monde. La situation fait que nous ne pouvons empêcher la tenue d’opérations de vote. Mais je ne peux pas commenter la pétition lancée par les Français de Taïwan. Cela ne peut se décider qu’au niveau législatif. »

Simon Carraud et Alexandre Pouchard

Extrait de l'article paru sur InstanTaiwan.



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2 commentaires:

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