L'État insulaire de 23 millions d'habitants a déjà remporté sa Coupe du monde. Pas sur les terrains de foot brésiliens, mais dans les vestiaires. Que plusieurs équipes nationales portent des maillots made in Taïwan ne surprend guère. Qu'ils soient uniquement fabriqués à partir de bouteilles en plastique étonne davantage.
Au début des années 1990, quand les multinationales préféraient remplir les carnets de commande des entreprises chinoises à bas coût, l'industrie du textile àTaïwan devait se réinventer. Autrement dit, innover. Pendant 20 ans, le recyclage s'est imposé au cœur de sa stratégie de montée en gamme. Des entreprises taïwanaises comme Ecomax Textile, Eclat Textile, Singtex Industrial et Super Textile Corporation ont été pionnières dans l'invention des fibres textiles en polyéthylène téréphtalate (PET). «Les bouteilles en PET posaient un gros problème. On ne pouvait pas continuer à les enfouir parce que le plastique ne se dégrade qu'au bout de 400 ans», constate Alex Lo, directeur général de Super Textile Corporation. L'entrepreneur s'est lancé dans l'aventure écologique en 1996. Il a fallu une décennie de recherche et développement pour mettre au point puis affiner ces nouveaux tissus high-tech.
L'île consomme 4,5 milliards de bouteilles en plastique par an
Aujourd'hui, il faut en moyenne dix-huit bouteilles en plastique pour une tenue complète de football. Parmi les clients de ces entreprises innovantes,Nike a choisi d'adopter les maillots révolutionnaires. L'équipementier, qui habille 10 équipes cette année au Brésil, les a lancés pour la première fois en Coupe du monde il y a quatre ans, en Afrique du Sud. Plus de 13 millions de bouteilles recyclées avaient ainsi été utilisées, soit l'équivalent de 29 terrains de foot. La Fifa estime que les profits générés par le Mondial 2014 s'élèveront à plus de 40 milliards de dollars au total, avec l'industrie vestimentaire comme principal bénéficiaire. Un véritable jackpot pour les entreprises taïwanaises.
Découvrez comment Super Textile Corporation transforme des bouteilles en plastique en vêtements
L'industrie du textile à Taïwan occupe actuellement 70% du marché mondial de ces nouvelles fibres, selon le ministère de l'Économie. Le tissu obtenu après transformation a l'avantage d'être plus léger et plus absorbant que le coton. Il est aussi surtout plus écologique. L'économie d'énergie dans le processus de fabrication atteindrait près de 30%. Un résultat obtenu grâce à une matière première abondante sur l'île puisqu'on y consomme environ 4,5 milliards de bouteilles en plastique par an. Malgré cela, le pays doit quand même importer des bouteilles usagées pour satisfaire sa demande intérieure. «Un jour, affirme Alex Lo, on sera face à une pénurie de bouteilles en PET parce qu'elles peuvent servir à faire beaucoup de choses. Mais cela sera une bonne chose pour notre planète!»
Des débouchés dans le bâtiment
La fondation Tzu Chi, un acteur majeur de l'humanitaire dans le pays, a joué depuis 1991 un rôle essentiel dans le développement de cette nouvelle fibre textile. Avec près de 5400 stations de recyclage, l'organisation caritative collecte 12.000 tonnes de bouteilles usagées par an. Outre les vêtements sportifs, les débouchés sont variés. Depuis 2007, plus de 500.000 couvertures à base de bouteilles en plastique ont été distribuées dans le cadre de missions humanitaires menées par la fondation bouddhiste. Transformer des bouteilles en couvertures est déjà une prouesse en soi. Mais le procédé va plus loin. «Cette couverture verte est faite à partir de bouteilles en PET vertes, explique Alex Lo, également partenaire de la fondation. La couleur des bouteilles correspond à la couleur des fibres à la fin de la transformation. Aucun colorant n'est utilisé. Et aucun nouveau déchet n'est créé pendant la production.»
Les couvertures à base de bouteilles en plastique de la fondation Tzu Chi
Le recyclage des bouteilles en plastique ne s'arrête toutefois pas au textile. Alors que le manque de place est un problème récurrent sur une île constituée à plus de 70% de montagnes, le gouvernement taïwanais adopte en 2010 une politique d'enfouissement zéro. Cette décision pousse à innover encore plus. Les industriels commencent à trouver des débouchés dans le BTP. Depuis quelques années, des abribus écologiques fleurissent ainsi dans le sud de Taïwan.
Mais en 2011, c'est un bâtiment de 24 mètres de haut qui fait sensation lors des Floralies internationales de Taipei. Uniquement constitué de briques hexagonales en plastique, l'EcoARK serait capable de résister aux typhons et autres tremblements de terre si fréquents dans la région. Pas moins de 1 million et demi de bouteilles recyclées auront été nécessaires. Depuis, l'édifice a été démonté et les briques offertes à des écoles endommagées par un typhon. Le concepteur du projet, Arthur Huang, a voulu montrer au monde que «les déchets peuvent aussi servir à bâtir». Sur le terrain de l'innovation verte, Taïwan mène bel et bien le jeu.
L'EcoArk, une prouesse architecturale constituée de 1,5 million de bouteilles en plastique
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1 commentaire:
Je trouve que c’est une très belle initiative de leur part. Beaucoup devraient suivre l’exemple de ce pays. Chapeau !
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