18 avril 2009

Le Royaume des Fruits !!!!! Made in Taiwan

De gros efforts d’amélioration de la qualité ont permis aux producteurs de fruits taiwanais de sortir de la crise. Aujourd’hui, ananas, jamboses, mangues, mais aussi orchidées ou thés de Taiwan sont appréciés à travers le monde.

Retour sur l’histoire d’une renaissance :

L’anone (connue également sous le nom de pomme cannelle ou de corossol) est la nouvelle vedette de la région de Taitung qui en exporte aujourd’hui vers Singapour, Hongkong et le Canada

A la mi-avril, un salon du fruit à Pékin a été l’occasion pour le public chinois de déguster caramboles, litchis, goyaves, mangues, papayes, bananes et jamboses en provenance de l’île de Taiwan.
Les compliments ont fusé pour ces fruits juteux et sucrés. Taiwan n’a pas volé son surnom de « royaume des fruits ». Grâce aux techniques agricoles avancées qui sont employées dans l’île, certains fruits, comme les raisins et les jamboses, sont disponibles toute l’année ce qui leur donne un avantage sur les marchés étrangers. En fait, les fruits ne sont pas la seule production locale à avoir percé sur les marchés à l’export. Le thé oolong, les orchidées papillon (Phalaenopsis), le riz de Penglai ou encore certains légumes verts sont appréciés outre-mer, en Chine et au Japon notamment. Une production très sélecte. Au printemps, à Peinan, au pied des splendides montagnes du district de Taitung, on peut voir s’aligner les paniers d’anones le long des routes de campagne.
Leur lourd parfum incite les touristes venus passer le week-end dans le sud à s’arrêter pour en acheter et en ramener à la maison. La récolte des anones s’étale de décembre à avril, et on y a consacré 2 200 hectares de plantations, dont 78% dans le seul district de Taitung où l’ensoleillement et la pluviosité sont particulièrement adaptés. Peinan est le principal site de production. Pour expédier 500 caisses d’anones vers Hongkong au cours du week-end, vendredi matin à l’aube, le personnel s’active au centre de production de Panchiu, à Peinan. Chacun sait ce qu’il a à faire.
Les fruits sont triés selon leur poids, leur aspect, leur couleur et leur maturité. Ils sont ensuite inspectés à nouveau puis empaquetés. Les progrès réalisés ces dernières années dans la conservation et le conditionnement de ces fruits fragiles ont permis d’exporter avec succès vers d’autres destinations comme Singapour ou le Canada sous la marque Green Jade.
A Singapour, les consommateurs préfèrent les fruits de petite taille mais de qualité supérieure, alors qu’à Shanghai, comme à Taiwan, leurs suffrages vont aux plus gros spécimens. « Pour la plupart des consommateurs asiatiques, la qualité d’un fruit tient à sa teneur en sucre. En la matière, l’anone taiwanaise a un potentiel certain », dit Yang Cheng-shan, qui dirige l’unité de Panchiu de la station de recherche agronomique du district de Taitung. L’année dernière, le district a exporté 12 t de ce fruit.
A la fin du mois de mars, on en était déjà à 30 t grâce aux nouveaux marchés que sont la Malaisie, Hongkong et Shanghai. Le Japon montre également un grand intérêt pour la production locale. Bien que les exportations d’anones en provenance de Taitung soient encore modestes, puisqu’elles ne représentent que 2% de la production totale de Taiwan, leur prix à l’export est bien plus important que celui auquel elles sont vendues sur place. A Singapour par exemple, une anone de catégorie « spéciale » peut atteindre 118 dollars taiwanais (2,65 euros), soit le double de ce qu’elle serait vendue sur un marché taiwanais. Vu les profits, les producteurs sont ravis de coopérer. De tous les fruits exportés, ce sont les mangues Irwin qui se vendent le plus cher. Au Japon, elles se vendent l’équivalent de 150 dollars taiwanais (3,40 euros) pièce. « En 2003, il y a eu une diminution des ventes de mangues au Japon, et pourtant, ces exportations nous ont rapporté davantage », souligne Huang Tzu-bin, en charge des affaires internationales au ministère de l’Agriculture. Cette année-là, Taiwan a exporté 12 623 t de mangues pour une valeur totale de 3,69 millions de dollars américains. A cause des typhons, en 2004, le volume de ces exportations est tombé à 5 000 t, mais encore une fois, elles ont augmenté en valeur pour atteindre 4,82 millions de dollars. En d’autres termes, les exportations ont reculé de 60% en volume tout en progressant de 30% en valeur. Les producteurs de Yuching, dans le district de Tainan, ont compris que le volume n’avait pas besoin d’être élevé pour que les recettes soient bonnes, commente Huang Tzu-bin. « Cela rapporte plus de sélectionner fréquemment les cinq meilleurs fruits sur un lot de cent. »

Très prisés des Japonais,les melons brodés sont porteurs de grands espoirs chez les producteurs taiwanais.

La norme au Japon

Au Japon, les visiteurs étrangers s’étonnent invariablement du prix astronomique – jusqu’à 10 000 yens – que peut atteindre le melon brodé dans les supermarchés. Il n’est donc pas surprenant que le marché japonais soit la cible numéro 1 des producteurs taiwanais. Les statistiques du ministère de l’Agriculture montrent qu’en 2003, 37% des exportations de Taiwan dans le domaine de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture (ces deux derniers comptant pour l’essentiel) étaient destinées à l’archipel nippon, ce qui représente une rentrée de devises de 1,2 milliard de dollars américains. L’année dernière, ce montant a légèrement augmenté pour atteindre 1,4 milliard, le Japon absorbant ainsi 39% des exportations du secteur primaire taiwanais. Quoi qu’il en soit, le Japon, premier débouché insulaire en la matière, conserve sa réputation de marché difficile d’accès, et il a fallu déployer d’immenses efforts pour satisfaire aux normes japonaises. Prenons les papayes, par exemple. Celles-ci sont exportées à Singapour, au Canada, en Malaisie et à Hongkong, mais le Japon, prétextant que Taiwan est « infestée par la mouche orientale du fruit », a longtemps trouvé le moyen de fermer ses frontières à la production insulaire.
Il a fallu huit ans de négociations et la mise en place d’un mécanisme de fumigation contre cet insecte pour faire entrer les papayes taiwanaises au Japon.
Les difficultés ont été les mêmes pour le riz de Fuli. Ce n’est qu’après avoir passé avec succès une inspection portant sur 120 points que ce riz d’excellence a pu être expédié vers le Japon, après 33 ans d’interruption des importations de riz taiwanais dans l’archipel nippon. Dans les deux cas, c’est en misant sur la qualité, quitte à développer le volume plus tard, que les producteurs sont parvenus à s’introduire sur le marché japonais.

Améliorations


Un examen plus attentif des statistiques concernant les exportations vers le Japon montre que les produits de la pêche et de l’aquaculture sont en tête de liste avec une valeur d’environ 1,02 milliard de dollars américains. Ensuite viennent les légumes pour quelque 80 millions seulement. Le Japon n’importe pour l’instant que très peu de fruits taiwanais, ce qui prouve qu’il reste dans ce secteur un large potentiel de développement. Outre les barrières non tarifaires comme la quarantaine, les agriculteurs taiwanais sont confrontés à des problèmes structurels en termes de stabilité de la production et de la qualité, de gestion de la production et des terres, de catégorisation et de conditionnement, de conservation ou encore de stockage et d’acheminement. « Autrefois, les produits agricoles taiwanais étaient principalement destinés au marché intérieur, dit Richard Chen, directeur des produits agricoles au Conseil pour le développement extérieur de Taiwan (TAITRA), qui a organisé plusieurs foires agricoles taiwanaises à l’étranger. Les agriculteurs étaient satisfaits des prix qu’ils obtenaient à Taiwan et étaient réticents à vendre leur production aux exportateurs étant donné les conditions très strictes que ceux-ci leur imposaient. » Depuis l’année dernière, le ministère de l’Agriculture planifie la mise en place de « zones de fruiticulture à l’export » où seront produits ananas, mangues, bananes, etc. Par exemple, les 1 000 arbres de M. Chu, un producteur d’anones de Peinan, ont obtenu la qualification de « verger à l’export », car les arbres sont sains, et la production est protégée contre les typhons par des coupe-vent. Le producteur doit se soumettre à un certain nombre de règles concernant l’emploi des pesticides, les fruits exportés devant être dépourvus de tout résidu. L’espoir des pouvoirs publics est qu’une gestion rigoureuse de la qualité élèvera la compétitivité de la production insulaire et les revenus des agriculteurs. D’autant plus que lorsqu’un produit est jugé non conforme aux normes sanitaires dans un pays importateur, cela a des répercussions sur toute la production et sur l’image de Taiwan. Huang Tzu-bin souligne que depuis quelques années, la demande en légumes congelés taiwanais sur les marchés internationaux avait chuté en raison de la concurrence chinoise et thaïlandaise. Mais l’année dernière, des inspections japonaises ont révélé des taux de pesticides trop élevés dans les pousses de soja congelées en provenance de Chine. Du coup, les importateurs japonais se sont tournés vers Taiwan. La durée de vie en rayon des légumes étant plus courte que celle des fruits, leur exportation implique de surmonter de multiples défis.
En 2001, sous l’égide du ministère de l’Agriculture, l’équipe de production maraîchère du district de Yunlin a fondé une Alliance stratégique de producteurs qui a pour mission de trouver de nouveaux débouchés et de faire disparaître le problème de la surproduction. Ils ont sélectionné Singapour comme premier marché cible, étant donné que la production agricole est, dans ce petit pays, très réduite. L’alliance a expédié vingt variétés de légumes à Singapour, mais le prix de vente n’était pas suffisant pour faire un profit. Finalement, Singapour a opté pour la production moins chère de la Chine et de la Malaisie, et l’expérience a d’abord semblé un échec pour Taiwan. Qui aurait imaginé que celle-ci aurait tout de même des retombées positives ? C’est pourtant ce qui est arrivé. Un homme d’affaires japonais en visite à Singapour y a remarqué des laitues de Yunlin vendues dans un supermarché local, et il a eu l’idée de remonter directement à la source pour voir s’il pouvait faire affaire avec les producteurs. C’est ainsi que ceux-ci ont vu la porte du marché japonais s’ouvrir à eux. Chen Ching-shan, président de la coopérative agricole de Hsinhu, dans le district de Yunlin, qui est allé à Singapour pour y effectuer une étude de marché, remarque que la laitue n’est pas adaptée aux climats tropicaux. Les Etats-Unis en cultivent en abondance et, en fonction de la saison, peuvent en fournir jusqu’à 7 000 t par an au Japon par exemple. La région de Yunlin ne peut en produire que durant l’hiver. L’année dernière, elle en a exporté 1 000 t et espère cette année atteindre les 2 000 t. Bien que 15% seulement de la production maraîchère du district de Yunlin soit exportée, le cours des légumes ne subit pas de variations aussi importantes à l’export que sur le marché intérieur et les fermiers parviennent à réaliser une marge stable de 3 à 5 dollars taiwanais au kilo.

Manguiers chargés de fruits,dans le district de Pingtung.Les mangues Irwin produites à Taiwan ont remporté les suffrages à l’étranger, même au Japon, marché réputé particulièrement difficile.

A nouveau la banane

La conjoncture internationale est changeante, et les personnes talentueuses dans la vente à l’export des produits agricoles ne sont pas faciles à trouver. L’histoire des bananes de Taiwan en est une bonne illustration. Dans les années 60, on a planté à Taiwan environ 40 000 ha de bananiers. A l’époque, les exportations de bananes comptaient pour 25% des rentrées de devises. En 1974, la gestion de ces exportations capitales pour l’économie insulaire fut confiée à un organisme créé pour cette mission spécifique, la Coopérative fruitière marchande de Taiwan. Pourtant, au cours des trente années suivantes, les ventes de bananes à l’étranger accusèrent une baisse constante. Après avoir atteint 400 000 t, elles n’étaient plus que de 25 000 t en 2003, un recul dû à la concurrence de fruits moins chers en provenance des Philippines et d’Amérique du Sud. Si Taiwan n’a pas su maintenir sa place dans ce domaine, c’est à cause de la situation d’oligopole qui régnait dans le secteur, étouffant la compétitivité et engendrant quantité de problèmes structurels. Ces dernières années, les producteurs de bananes, les équipes de marketing et les exportateurs ont beaucoup réfléchi à la question et demandé à ce que des améliorations soient apportées au système.
Le ministère de l’Agriculture a donc accepté de laisser les producteurs ne travaillant pas avec la coopérative tenter leur chance par eux-mêmes sur le marché japonais. Le Japon importe 75 millions de caisses de bananes par an, dont 1,5 million en provenance de Taiwan. Heureusement, dit Huang Tzu-bin, les bananes taiwanaises sont bien supérieures à celles des Philippines, tant sur le plan de la texture que du parfum, ce qui explique qu’elles restent les favorites des consommateurs japonais. L’objectif du secteur est maintenant de développer cet avantage pour atteindre 2 millions de caisses exportées vers le Japon chaque année.

Vendre en Chine ?

Ces derniers temps, les exportations de produits agricoles taiwanais sur l’autre rive sont l’enjeu de discussions animées dans le cadre des relations avec la Chine. La question est toutefois de déterminer si elles seraient réellement bénéfiques aux agriculteurs taiwanais. La crainte de certains est que les techniques agricoles avancées et les variétés supérieures dont on dispose à Taiwan ne finissent par tomber aux mains des agriculteurs chinois, et que ce soit finalement eux qui tirent parti de la situation, voire qu’ils concurrencent directement la production locale dans l’île. Face à ces interrogations, les pouvoirs publics traitent le dossier avec circonspection. Huang Tzu-bin remarque que les ventes en Chine représentent déjà 8% de la production agricole insulaire en valeur. En y ajoutant les expéditions vers Hongkong, qui comptent pour 15% de celle-ci, on constate que le marché chinois absorbe déjà un quart de la production agricole de Taiwan. Si la Chine tentait une opération de charme et que les efforts des exportateurs se reportaient sur elle au détriment des autres nations acheteuses, alors la dépendance envers le marché chinois deviendrait dangereuse. Autrement plus inquiétante est la probabilité de voir Pékin réclamer la réciprocité et les produits chinois – riz, champignons, ail, etc. – inonder le marché insulaire. On le voit, les agriculteurs taiwanais risquent fort de gagner une bataille pour finalement perdre la guerre. Pour Lei Li-fen, professeur d’économie agronomique à l’université nationale de Taiwan, si des discussions sérieuses s’engagent avec la Chine, il ne faudra pas laisser celle-ci mener les négociations. Il faudra absolument faire en sorte de créer un mécanisme de négociation permanent et efficace qui puisse être ouvert à n’importe quel moment. C’est la seule façon de s’assurer que Taiwan ne sera pas à la merci de la Chine. Fuite technologiqueLa Chine ne fait pas qu’ouvrir ses marchés aux produits agricoles taiwanais, elle fait aussi tout son possible pour que les agriculteurs taiwanais eux-mêmes suivent le mouvement et s’installent sur l’autre rive.

Une plantation de théoolong sous les aréquiers,à Luku, dans le district deNantou. Les thés formosans ont une très bonne réputation parmi les connaisseurs.

Chu Jung-chang, directeur de la plantation d’orchidées Nanchang, à Taitung, raconte que pas moins de 28 missions en provenance de Chine ont visité le site l’année dernière.
Ces visiteurs lui ont posé beaucoup de questions concernant la gestion de l’entreprise, et il a même été invité à se rendre en Chine une fois par mois pour y apporter une assistance technique aux producteurs chinois. Chu Jung-chang a poliment décliné l’offre en expliquant que la variété d’orchidées qu’il exploite ne lui appartient pas… Le gouvernement provincial du Fujian, poursuit-il, s’est doté de 165 000 m2 de serres sur la côte et le presse d’y investir en joint-venture. « Je n’ai pas envie de prendre des risques, dit-il. Ils vous donnent un bail de 50 ans, mais qu’est-ce qui vous dit qu’une fois que vous avez monté votre affaire, mettons au bout de trois ans, ils ne vont pas revenir sur leurs promesses ou vous accuser d’un crime que vous n’avez pas commis pour tout vous confisquer ? » «
Actuellement, l’orchidée papillon de Taiwan occupe encore une niche sur le marché international, mais c’est un domaine très concurrentiel. » Aux Pays-Bas, remarque-t-il, on ne prend pas de risques inutiles : l’exportation des nouvelles variétés est strictement contrôlée par crainte de voir celles-ci recréées ailleurs et pour moins cher par des concurrents. Chu Jung-chang se méfie lui aussi. Lorsque des délégations chinoises visitent sa plantation, il leur interdit de prendre des photos, mais il connaît leurs méthodes. Par exemple, dit-il, il en a vu certains gratter discrètement le pistil d’une orchidée pour récolter un peu de pollen sous leurs ongles puis glisser la précieuse poudre dans un petit sac en plastique. Il y en a même qui prélèvent carrément une pousse pour faire de la culture de tissus une fois rentrés dans leur laboratoire en Chine. Mais pour maîtriser ce marché, tous les détails ont leur importance. « Quand faut-il arroser ? Combien d’eau faut-il donner à chaque plante ? A quelle profondeur faut-il placer les racines ? Combien de pommes d’arrosage faut-il et à quelle distance doit-on les mettre les unes des autres ? Comment entretient-on les racines ? Cette expérience et ce savoir-faire, c’est une technologie taiwanaise et c’est ça notre grand avantage. » En rejoignant l’Organisation mondiale du commerce début 2002, Taiwan a accepté de baisser ses taxes à l’importation sur les produits agricoles et d’ouvrir son marché. Au cours des trois années qui se sont écoulées depuis, quantité de produits agricoles importés ont fait leur apparition sur les rayons et la production taiwanaise elle aussi s’exporte de plus en plus. Les courageux agriculteurs insulaires méritent mieux qu’un estomac plein et un toit au-dessus de leur tête. A n’en pas douter, la notoriété du label taiwanais se renforce, et ils récolteront bientôt les fruits de leurs efforts.

Teng Sue-feng

(j'ai l'intention de vous faire un prochain post sur les magnifiques orchidées que l'on trouve sur Taiwan) donc à suivre !!!!!


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1 commentaire:

PHG a dit…

Vraiment très bien fait ton article. C'est si beau et bon les fruits à Taiwan et je me rappelle à chaque repas, c'était un vrai plaisir de les manger ^_^. Au moins là-bas pas de soucis de manger des fruits... et légumes héhé.